vendredi 10 avril 2020

Le théâtre des idées - Marivaux - Le Prince Travesti


...Le XVIII ème finissant est comme un pays dont on sait tout. On en connaît les objets, les lieux ; tant de peintures et de livres disent comment les gens vivaient en ce temps-là. On les connaît, on les touche presque. On connaît les strates de la société, de haut en bas, et les actions, l'une après l'autre, des moments de la journée. On retrouve dans l'art les heures du jour qui a été. Ce jour nous est proche. Il est le vestibule du nôtre. Bizarrement, le siècle d'avant, le XVII ème siècle, nous semble étranger, différent, ses habitants sont des monstres préhistoriques.
Presque toutes les belles pièces du XVIII ème siècle que l'on a données depuis trente ans furent marquées de cette naïveté : on regrette le temps d'avant la catastrophe, comme dirait le vieux Fils dans la Cerisaie....

...Ce n'est pas une femme que Lélio a sauvé, c'est deux : Hortense et la Princesse, et par les mêmes armes du courage et de la force d'âme. Hortense fut arrachée aux brigands, la Princesse fut sauvée de la domination militaire de  Castille par l'action du mystérieux aventurier.
Le roi de Castille essaie d'obtenir par la négociation ce qui a manqué par la force : à savoir l'union de Barcelone à Castille. Il désire épouser la Princesse. On ne saurait mieux dire que l'amour est la guerre.

L'histoire de Lélio est bien celle d'une initiation. Le voyage s'achève (et la quête) lors de la résolution de l'amour : il retrouver la femme aimée, entrevue, il rencontre enfin son désir : alors il va jeter le masque, l'aventure est finie, il peut régner, c'est un philosophe armé.

On lit Marivaux et on entend Mozart. Cosi fan lutte offre la même configuration : les deux femmes, les deux princes travestis, la servante, et même (et dans un autre rôle) Don Alfonso. Seul Arlequin manque à l'opéra. La composition aussi est voisine : récitatifs et airs alternés. Chacun des protagonistes a son grand air...

Hortense, la Princesse. Avec cent ans d'avance, on touche, on étreint le corps palpitant de la Sanseverina. "


Antoine Vitez. Le théâtre des idées


A demain -  Merci de votre lecture et peut-être de vos commentaires !


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