mardi 14 avril 2020

Où en est le théâtre de Copi aujourd'hui ?

Copi Portrai

« Trente ans plus tard, la seule question à se poser était : où en est Copi aujourd’hui ? 

Très vite, tout de suite, est arrivée la réponse rassurante. 
Aujourd’hui, « l’enfant pornographe » dérange moins que l’homme de tous les exils, celui qui regarde, qui sait et qui se moque. 
Il n’a rien perdu de sa tranquille virulence, ni de son charme. 
Son humour, sa familiarité avec la mort, son intelligence, sa pureté, sa lucidité politique ont traversé le temps, ont gardé leur impact (…) 
Fasciné par ce personnage secret, Marcial Di Fonzo Bo a voulu le connaître, et a décidé de le raconter, d’amener les spectateurs au-dedans de son monde instable, tendre et impitoyable (…)


...Alors, d’Eva Peron, personnage shakespearien entre Lady Macbeth et Caliban, en lutte contre le cancer, son infirmière et sa mère, jusqu’à Loretta Strong, cosmonaute enfermée dans sa capsule avec son rat, le spectacle suit le parcours sensible de Copi, depuis le rêve d’exil comme symbole de liberté, jusqu’à l’exil en forme de solitude dans l’infini du ciel et de la mort (…) Copi a beaucoup joué Loretta Strong, un peu partout – et même en Italie dans une version pour enfants ! Il disait ne pas parvenir à tuer le personnage, et c’est pour s’en débarrasser qu’il a écrit le Frigo. Son dernier rôle (…) 
Lorsque Marcial Di Fonzo Bo endosse la robe d’Eva Peron, lorsqu’il traverse la salle dans la dépouille de Loretta Strong, se produit une sorte d’alchimie. Comme si le mort et le vivant se rencontraient au centre d’un espace indéfini. L’espace du théâtre où renaît l’esprit de Copi, son sourire, sa poésie. »


Colette Godard - 2000


J'aime ma maison
la préface est dans l'escalier
j'écris par la fenêtre
des arbres délicieux
j'ouvre les fleurs
je féconde les murs au pinceau - c'est plus sûr-
j'aime ma maison
le paradis c'est derrière les paupières
j'achète le noir du noir
et la nuit n'est pas étonnée
je prépare mon intérieur
une maison pour demain
j'achète aussi des murs de lumière
des étages de rédemption
des souris confites dans des boîtes Tupperware
des lits de verre et des plafonds d'eau
j'aime ma maison
j'achète le noir du noir
et la nuit n'est pas étonnée
je défroisse mes anges
je nourris mes fantômes
à la première gare
je mets sur pause
puis retrouve mes compagnons
des faubourgs du corps
larves sauterelles paramécies
ils sont tous là
dans ma maison que j'aime
mais petit à petit
en catimini
la maison se grippe et griffe
la maison s'énerve et s'emballe
et m'aboie :
Entrez le code pour prouver que vous êtes humain,
Entrez le code pour prouver que vous êtes chez moi"...

Laure Cambau

A demain.















2 commentaires:

Edith H a dit…

Bon, je recommence, j'ai mis un commentaire, visiblement pas enregistré!
je vous remerciais de cette découverte (pour moi) du poème de Laure Cambau, que je ne connais pas et j'aime énormément.
je vous disais aussi que vous avez fait fort aujourd'hui, car on a 2 textes!!à ce rythme là, allez vous tenir toute la durée du confinement???
Merci, bonne soirée, Edith

Sylvie Grr a dit…

Alors là oui c'est double cadeaux aujourd'hui ! Noël à Pâques.
Le texte sur Copi est super (et vous savez que ça me parle...) . Et comme Edith, magnifique découverte que ce poème qui me met en joie et est pour le moins approprié...
Continuez,et merci !c'est pas un pauvre confinement qui va avoir raison de nous